Titre : I.R.L.
Auteur : Agnès Marot
Editeur : Gulfstream – Collection Electrogène
Nombre de pages : 442
Quatrième de couverture :
Chloé Blanche a grandi à Life City. Comme tous ses habitants, elle ignore qu’ils sont filmés en permanence. Elle ignore qu’ils sont un divertissement pour des milliers et des milliers de foyers. Elle ignore qu’ils sont les personnages de Play Your Life, l’émission qui fait fureur hors de Life City, IRL. Elle ignore surtout à quel point ils sont manipulés. Lorsqu’elle rencontre Hilmi, le nouveau à la peau caramel, elle tombe immédiatement amoureuse. Mais ceux qui tirent les ficelles ne le lui destinent pas. C’est ainsi qu’elle découvre la nature de tous ceux qui vivent à Life City : les personnages d’un immense jeu vidéo.
Le teaser :
Pour ceux qui aiment :
- Les Sims
- Le film Truman Show
- Les romans qui poussent à la réflexion
Vous n’y trouverez pas :
- De romance guimauve
- De personnages stéréotypés
- D’humour à gogo
Mon avis :
Je ne sais pas vous, mais moi, en regardant l’excellent film The Truman Show, dans lequel Jim Carey découvre qu’il est à son insu le personnage principal d’une télé-réalité, je me suis toujours posé la même question à la fin : il réussit à quitter le « plateau », certes, mais comment cela va-t-il se passer pour lui dans le monde réel ? Eh bien c’est à cette question que I.R.L. répond, et plutôt bien, je dois le dire. Car pour Chloé, passer dans le monde réel n’est que la première étape – relativement facile – d’un véritable parcours du combattant.
La couverture très girly – sans oublier la tranche entièrement rose -, le résumé et même les premières pages du roman m’ont fait craindre un peu que l’histoire soit axée sur la romance entre Chloé et Hilmi ; une romance qui commence par un coup de foudre et une danse entre le vilain petit canard du lycée et le bel apollon qui vient d’arriver, de quoi craindre les gros clichés… Eh bien il n’en est rien. Car si le fameux coup de foudre est bien l’élément déclencheur de toute l’histoire, Chloé va vite comprendre qu’elle se bat pour bien plus que les beaux yeux d’Hilmi. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé son évolution à cet égard : d’abord très centrée sur ses propres intérêts, Chloé prend petit à petit la mesure de la situation, jusqu’à porter sur ses épaules fragiles un combat qui la dépasse…
Chloé n’est pas la seule ; tous les personnages sont construits intelligemment, profonds, attachants à leur manière – oui, même cette ordure d’Arn, victime inconsciente de sa propre mégalomanie. Agnès Marot a réussi le défi de rendre des personnages virtuels terriblement humains, davantage que les véritables êtres humains de ce roman – dans lesquels on se reconnaît pourtant très bien, notamment les joueurs. Quelque part, les « machines » ne sont pas là où on le croit de prime abord, et c’est inquiétant de réalisme…
Outre la quête de liberté omniprésente, I.R.L. soulève aussi des réflexions intéressantes. L’attitude des humains sonne comme une critique subtile de notre société, dans laquelle il est tellement plus facile de se conformer à ce qu’on nous dicte d’être ou de faire, comme si se battre pour ses opinions était vain. Le roman s’interroge aussi sur ce qui fait de nous des personnes réelles. Des « lignes de code » peuvent-elles constituer une véritable personnalité, ou ne s’agit-il que d’un artifice induit par la programmation ?
Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé les personnages et les thématiques abordées. Le déroulement de l’intrigue est lui-même très intéressant à suivre, avec des rebondissements inattendus. J’aurais juste un reproche à faire à ce sujet, c’est la construction de la première partie : entre flashbacks et moments présents, qui racontent aussi en fin de compte ce qui se passait à l’époque des flashbacks… J’avoue que j’ai été perdue plusieurs fois. Et puis les passages racontés par Chloé à l’écran ne sont visuellement pas très agréables à lire – avec les dialogues imbriqués dans un monologue, des tirets imbriqués dans des guillemets… Ceci dit, on finit par s’y habituer, et cette construction permet de faire monter la tension au cours de la deuxième partie.
Au final, donc, une lecture plus profonde qu’il n’y parait au premier abord, avec des questionnements pertinents et des personnages attachants, que je recommande chaudement.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter le site d’Agnès Marot, sur lequel elle parle de ses différentes publications, mais aussi son blog sur lequel elle évoque également ses techniques d’écriture.
Un livre qui ne me tentais pas du tout au premier abord, à cause de la couverture j’avoue. Je me suis posée la même question pour Truman Show donc finalement ce livre va atterrir dans ma wish, il a l’air très intéressant !
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Il l’est, il y a vraiment plein d’aspects très pertinents, que la couverture ne permet pas forcément d’imaginer de prime abord… même s’il faut passer les premiers chapitres pour s’en rendre vraiment compte.
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