Ecriture et vie d'auteur

Papier ou clavier ?

Oui, bon, il aurait été plus correct de dire « Crayon ou clavier ? », mais je trouvais qu’avec papier ça sonnait mieux à l’oreille…

Bref, aujourd’hui, j’avais envie de vous parler technique d’écriture – au sens le plus basique du terme. Si comme moi vous écrivez, vous vous êtes sans doute déjà posé cette question : vaut-il mieux écrire son premier jet sur papier, ou directement le taper à l’ordinateur ? La réponse change d’une personne à l’autre, parce que chaque méthode à ses avantages et ses inconvénients, et au final c’est surtout une question de goût. Pour ma part, c’est une fois l’un, une fois l’autre…

 Papier

Quand j’ai commencé à écrire, à l’âge vénérable de 8 ans, j’utilisais évidemment le papier et le crayon… J’ai continué comme ça jusqu’à mes 17 ou 18 ans à peu près – âge où j’ai eu mon premier ordinateur portable, pour mes études. Je me suis ensuite mise au clavier, sauf pour quelques exceptions, et ces derniers temps, avec Flammèche, je suis revenue au papier.

Une chose que j’apprécie beaucoup dans l’écriture sur papier, c’est la sensation du crayon qui glisse sur la feuille : tout en douceur, en silence – bien différent de ce cliquetis de touches qui accompagne inévitablement la saisie informatique. Pour peu que j’écrive au crayon plutôt qu’avec un stylo, je me retrouve bien vite avec la moitié de la main toute noire, couverte d’une fine pellicule de carbone. Certes, c’est sale et il vaut mieux se laver les mains avant d’en avoir mis partout, mais en attendant, je trouve que ça participe à ces sensations qui font de l’écriture un moment particulier.

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Photo de Jean-Marie Adam publiée sous licence CC BY-NC-SA 2.0

Pour en revenir à des considérations plus pratiques, le papier a l’immense avantage de ne pas tomber en panne. On peut éventuellement se retrouver à court de feuilles ou d’encre, mais c’est en général quelque chose qu’on voit venir et qu’on peut anticiper facilement. On s’épargne aussi les temps d’allumage, les bugs et les fichiers corrompus. (Sauf peut-être si vous écrivez avec une tasse de café à proximité, là je ne dis pas ^^) Pas besoin de penser à enregistrer son travail, c’est automatique. Il est aussi moins source de distractions – pas de notifications d’e-mails, pas de subite envie d’aller voir sur la page d’à-côté si quelqu’un a répondu à mon dernier article de blog, etc.

 Le papier peut-être transporté partout et utilisé même en plein soleil. J’aime par exemple profiter d’une après-midi à la plage pour avancer sur mes écrits – mais jamais je n’emmènerai un ordinateur portable pour le faire. Le papier est accessible en permanence, alors qu’avec un ordinateur il faut parfois laisser la place à d’autres. C’est notamment mon cas : mon mari et moi n’avons qu’un seul ordinateur pour nous deux ; quand il n’est pas au travail, je lui laisse la place, vu que j’y ai accès bien plus souvent que lui autrement. Je peux mettre ces moments à profit pour écrire sur mon bloc-notes.

En contrepartie de tous ces avantages, le papier prend beaucoup de place – dans un 27 m² c’est vite problématique… – et est difficile à corriger. (Ce qui, d’un autre côté, peut aussi obliger à avancer au lieu de revenir sans cesse ce qui est déjà écrit… pas tout à fait un inconvénient, donc.) Il ne compte pas les mots, non plus. (ça, c’est pour le CampNano que c’est gênant : à la fin de chaque WordWar, je mets cinq minutes de plus que tous les autres à donner mon nombre de mots écrits, le temps de tous les compter.) Et il faudra bien de toute façon se décider à tout taper à l’ordinateur un jour, vu qu’on n’envoie plus des manuscrits mais des tapuscrits aux éditeurs (voire des fichiers informatiques). Sur un texte court, c’est assez facile, mais quand vous avez l’équivalent de trois cahiers de 96 pages A4 à recopier, c’est plus fastidieux. J’avais commencé à le faire pour certains de mes projets de jeunesse, mais j’ai vite abandonné devant l’ampleur de la tâche… Un avantage au recopiage tout de même : il oblige à une première relecture, ça permet de corriger d’emblée les points les plus flagrants tels que les fautes d’orthographe et les formulations bancales.

(Pour découvrir d’autres avantages de l’écriture sur papier auxquels je n’avais pas forcément pensé en écrivant ce billet, n’hésitez pas à lire cet article très intéressant du blog Mécanismes d’histoires : Ecrire à la main son roman : pourquoi ?)

Clavier

Quand j’ai eu mon premier ordinateur portable, je me suis mise à n’écrire plus que sur ce support. C’est là que je me suis mise de façon plus sérieuse à l’écriture aussi.

Ce qui est pratique quand on écrit directement à l’ordinateur, c’est qu’on s’affranchit de l’étape fastidieuse du recopiage ; c’est un gain de temps énorme, ce qui permet d’avancer plus vite dans la rédaction. On bénéficie de toutes les fonctionnalités des logiciels de traitement de texte, comme par exemple le correcteur orthographique et les statistiques du texte. On peut faire des recherches rapides en cours de rédaction. (Attention à ce que cela ne se transforme pas en piège, par contre…) On peut revenir en arrière et rajouter facilement une phrase ou bien supprimer tout un paragraphe sans faire la moindre rature. Pourquoi se contenter de paragraphe ? On peut carrément échanger deux chapitres s’il nous en prend l’envie. On peut facilement sauvegarder son travail sur plusieurs supports. On peut envoyer une copie de son texte à un ami pour avoir son avis sans que ça nous empêche de travailler dessus dans le même temps. On peut bidouiller la mise en page pour se rendre compte du nombre de pages que cela représenterait dans un format de livre. (Avouez, vous l’avez fait aussi, hein ? ^^) Bref, une grande flexibilité au niveau du texte en lui-même.

Cette flexibilité, on ne la retrouve par contre pas dans le support. On ne peut pas toujours avoir son ordinateur sur soi pour se mettre à écrire quand ça nous chante. Surtout quand comme moi, vous n’avez plus qu’un ordinateur fixe. (Non, en fait j’ai bien un portable, mais l’écran ne marche plus… Pour l’utiliser, je dois brancher l’écran du fixe dessus, pratique, non ? ^^) Et même un portable, vous ne pouvez pas l’emmener partout : il faut pouvoir le brancher pour qu’il ne tombe pas en panne de batterie, et pas question de se mettre au soleil au risque de ne rien voir. On oublie aussi la séance écriture sur la plage. (Enfin, vous faites ce que vous voulez, hein, mais à votre place j’éviterais…) Au moment où j’écris ces lignes, il y a un beau soleil, mon balcon me tend les bras… J’adorerais pouvoir m’y installer pour écrire (enfin presque, il y a quand même eu une averse de grêle tout à l’heure, mais vous voyez l’idée pour un jour plus estival ^^) mais c’est impossible avec un ordinateur. J’ai déjà essayé quand mon portable était moins capricieux : même en réglant la luminosité de l’écran au maximum, je n’y voyais rien. Ajoutez à cela les douleurs en haut du dos – je n’arrive pas à prendre une bonne position sur l’ordinateur – et je pense qu’on aura évoqué une bonne partie des inconvénients de l’écriture sur ordinateur.

Mon choix

Eh bien j’ai choisi les deux – en fait, ça dépend tout simplement des projets.

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Papier vs Ordinateur par Lorena Biret publié sous licence CC BY-SA 2.0

De manière générale, pour les gros projets – L’enfant des lions, Oniris… – j’écris directement à l’ordinateur. Je sais que je n’aurai pas le courage de tout retaper au clavier. Parfois, néanmoins, j’écris une ou deux scènes sur papier – quand je n’ai pas accès à l’ordinateur, ou alors quand j’ai plus de mal à me mettre dans la bonne disposition pour écrire ; sur papier, l’inspiration vient parfois plus facilement. Généralement, dans ces cas-là, il s’agit d’une scène clé, un moment particulier que j’ai imaginé et que je n’ai pas envie de perdre, alors que quand j’écris directement à l’ordinateur j’écris plutôt dans l’ordre du récit (ce qui marche plus ou moins bien selon les moments). Une fois sur deux, je perds ces papiers (soupir…) et finis par taper la scène en question directement à l’ordinateur quand j’arrive à ce stade du récit, mais cela m’aura permis au moins de mettre des mots dessus une première fois, ce qui rend l’écriture plus aisée.

Pour Flammèche, en revanche, j’ai opté pour l’écriture 100% papier. Comme le projet est plus court, les avantages du papier l’emportent largement sur les inconvénients. Je m’efforce de taper chaque chapitre assez rapidement après avoir fini de l’écrire, ce qui me permet au passage d’apporter de menues corrections, et rend le recopiage beaucoup moins fastidieux. Et j’écris quand je veux. Jusqu’ici, je n’ai pas encore appliqué le principe aux nouvelles, mais je pense le faire dès ce mois-ci (j’ai une nouvelle à écrire pour un concours en famille…). Et à la réflexion, peut-être que la méthode s’adapterait en définitive assez bien à l’écriture d’Oniris, vu qu’il s’agit d’une série d’épisodes relativement courts (et que je compte travailler dessus cet été… à moi la plage !).

Et vous, papier ou clavier ? Je suis curieuse de savoir quel support a votre préférence.

11 commentaires sur “Papier ou clavier ?

  1. Je n’utilise le papier que pour les notes, la conceptions de scènes ou un syno qui me tombe dessus. En effet, le cahier s’emmène partout. Par contre, je travaille sur ordi dès que j’attaque la rédaction, et sous Scrivener qui me permet de faire mon découpage définitif de scènes, de tagguer mes chapitres avec des mots-clés, etc. Je corrige énormément mes phrases, je n’arrive pas à écrire bien du premier coup, alors un cahier deviendrait vite illisible avec les ratures, les rajouts…
    Intéressant billet, en tout cas !

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    1. C’est vrai que Scrivener n’existe pas encore sur papier ^^
      Moi je ne l’utilise pas, donc ça ne me manque pas, mais j’ai cru comprendre que ceux qui l’avaient adoptés avaient du mal à s’en passer après…
      Contente si ça t’a intéressée 🙂

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  2. Bon jour,
    J’écris, environ, au 3/4 sur l’ordi et 1/4 sur papier. 🙂 Mon commentaire est court, mais votre article a très bien développé les avantages et les inconvénients de l’un et de l’autre 🙂
    Max-Louis

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    1. Bonjour, et merci pour votre commentaire 🙂 Je suis contente si j’ai réussi à bien développer la question, c’est mon premier article de ce genre alors j’avais un peu peur de ne pas trop y arriver. Je vais pouvoir sortir le champagne ^^

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  3. Bon question, c’est n’est en général pas toujours évident de choisir ^^
    Pour ma part, comme toi j’ai choisi les deux. Papier pour quelques scènes, en général des scène que je vais pas mal modifier, mes fiches et mes syno. Le PC pour le reste ^^
    Sauf la correction, là, j’imprime : le problème de l’écran, outre les distractions, c’est que j’ai du mal à me concentrer dans ma lecture alors pour les corrections… Sans compter les migraines ophtalmiques ^^
    Sinon super article, j’ai beaucoup aimé que tu ne te contente pas juste de dire moi c’est papier ou moi c’est PC. C’est sympa de voir quelqu’un qui développe la question 🙂

    Eyleen Ryden.

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    1. Merci beaucoup ! Effectivement, je n’ai pas pensé à mentionner les problèmes de vue et les migraines ; j’ai la chance de na pas y être trop sujette, même s’il m’arrive de le sentir passer quand je suis restée trop longtemps devant un écran durant la journée…
      Pour les corrections, j’ai une astuce : relecture sur ma liseuse, pour plus de confort, avec prise de notes, puis corrections directement à l’ordinateur. C’est idiot, mais c’est super gratifiant de lire son texte sur la liseuse, où il est présenté exactement comme n’importe quel roman publié…

      Aimé par 1 personne

  4. « à la fin de chaque WordWar, je mets cinq minutes de plus que tous les autres à donner mon nombre de mots écrits » la même 😉 mes potos d’écriture ont fini par s’y faire. J’approuve tout ce que tu dis entre papier et pc, mais j’ai surtout choisi papier moi. En fait je fais l’inverse, les gros projets sur papier et les plus petit sur pc.J’ai beaucoup de mal à me concentrer longtemps sur l’écran et j’ai souvent mal au crane. J’aime beaucoup cet article ! Je me retrouve très bien dedans

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