Titre : Grandir
Série : La Bibliothèque (tome 1)
Auteur : Pauline Deysson
Editeur : Auto-édité
Nombre de pages : 502
Quatrième de couverture :
Imaginez un monde où ni la pauvreté, ni la guerre, ni les livres n’existeraient plus. Le technomonde. Imaginez un lieu hors du temps, qui abriterait tous les rêves de l’humanité. La Bibliothèque. Imaginez que ces deux univers se rencontrent.
À 10 ans, Émilie est choisie pour devenir la nouvelle Bibliothécaire. Elle a le pouvoir d’entrer dans les rêves, et de les vivre comme s’ils étaient réels. Son premier livre la conduira sur une voie semée d’embûches, de magie et de doutes. L’accompagnerez-vous ?
Pour ceux qui aiment :
- Les mélanges de genres
- Les dystopies
- Les légendes
Vous n’y trouverez pas :
- De robots super intelligents
- De romance
- De vampires et loups-garou
Mon avis :
D’abord je tiens à remercier Pauline Deysson de m’avoir offert son roman.
Je ressors malheureusement un peu mitigée de la lecture de ce roman dont le résumé m’avait pourtant beaucoup enthousiasmée.
J’ai beaucoup aimé le mélange des genres, avec d’un côté une dystopie très axée sur la technologie, et de l’autre la magie avec toutes sortes de créatures de légendes, et surtout le monde très poétique de la Bibliothèque. Ce mélange de genres s’accompagne d’une inversion assez intéressante entre rêve et réalité, qui provoque parfois une certaine confusion. On ne sait plus trop à quoi se raccrocher, tout comme le personnage principal, Emilie. L’univers est très fouillé et très complet – mais on ne sait au final pas vraiment ce qui est vrai ou pas dans ce qui a été présenté. Le techno-monde fonctionne-t-il vraiment comme il a été décrit ? La Bibliothèque est-elle un lieu réel, ou le fruit de l’imagination d’Emilie – ou pire, d’une manipulation mentale ? Mystère.
Ce qui est dommage, par contre, c’est que les descriptions de cet univers et de son fonctionnement traînent parfois en longueur, à des moments où on a hâte de voir comment va avancer l’intrigue. Je ne suis pas une grande adepte des descriptions en général, donc mon ressenti à ce sujet est sans doute un peu biaisé, mais j’ai trouvé que certaines, à force d’être trop détaillées, en devenaient difficiles à comprendre et à visualiser. Je regrette aussi l’utilisation abondante des acronymes. Non seulement ils rendent le récit peu clair par moment – il y en a trop à retenir, trop semblables et trop alambiqués – mais ils sont incohérents avec l’univers créé. En effet, quel sens peuvent avoir des acronymes – qui extraient des lettres d’un groupe de mots – dans un monde où la notion même de lecture, y compris d’alphabet, a disparue ?
J’ai eu du mal au début à adhérer au personnage d’Emilie, et surtout à sa décision de refuser le « Revery », compagnon électronique que tout le monde reçoit en grandissant. La simple curiosité me semble une motivation bien faible pour justifier une telle décision à contre-courant, surtout vu la pression qui est mise sur ses épaules pour qu’elle cède. J’aurais aimé aussi en savoir un peu plus sur la raison pour laquelle elle a été choisie comme Bibliothécaire, et comment elle est arrivée à la Bibliothèque (du moins, si tout ceci est bien réel…) Mais par la suite, à mesure qu’on fait sa connaissance, elle devient plus attachante. Pour les autres personnages, c’est un peu plus compliqué ; j’y reviens dans le point suivant.
La construction du récit est intéressante, mais un peu maladroite. On retrouve plusieurs récits imbriqués dans le récit, et je m’interroge même sur la possibilité d’une intrication plus importante encore. Si cette construction permet justement le jeu sur le rêve et la réalité que j’ai apprécié, elle a le défaut de noyer l’intrigue et de gêner l’attachement aux personnages. En effet, on peine à distinguer un fil rouge dans cette histoire. A la fin de la première partie, après la lecture du premier « livre », un objectif clair semble être défini : lutter contre le Voleur de Cœurs. Mais après cela, Emilie ouvre un second « livre » dont la lecture s’étend sur tout le reste du roman. L’objectif qu’on vient de définir est complètement oublié. Et il faut très longtemps avant qu’on réussisse à s’impliquer dans l’histoire de ce second « livre », qu’on s’attend à quitter d’un instant à l’autre. Difficile de s’attacher aux personnages, de s’inquiéter pour la sécurité de l’héroïne, ou de partager ses émotions et ses buts quand on sait que rien de tout ça n’est « réel ».
En conclusion donc, un roman assez poétique qui joue beaucoup avec le rêve et la réalité, dans un mélange des genres original, mais qui manque d’un fil rouge bien établi et souffre de quelques longueurs.
Et vous, l’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ?