Ecriture et vie d'auteur

Traditionnelle ou révisée : l’orthographe de l’écrivain

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’orthographe… Tout le monde sera d’accord je pense pour dire qu’il vaut mieux éviter de faire des fautes, et aussi que malgré tout nos efforts on en laisse tous passer quelques unes de temps en temps. Pour ma part, je pense avoir un plutôt bon niveau en orthographe, ce qui ne m’empêche pas de faire appel à mon correcteur automatique – et à mes bêta-lecteurs.

Et sous ce rapport, j’ai été confrontée à un problème inattendu lorsque j’ai confié L’enfant des lions à mes bêta-lectrices de choc. Voici qu’elles commençaient à me signaler un certain nombre de fautes, pour des mots qui d’après moi – et aussi d’après Word – étaient tout à fait corrects. Pour moi, il était acquis depuis le collège voire la primaire que dans une bonne partie des cas, l’accent circonflexe n’était pas obligatoire sur le i – ce qui constituait notre principale divergence.  Enquête menée, j’ai eu la surprise de découvrir que sans même le savoir, j’appliquais certaines des modifications proposées par la réforme de 1990. Mais pas toutes.

Je me suis un peu renseignée sur le sujet, et je dois avouer que si certaines modifications me plaisaient – notamment les accents circonflexe en moins ; question d’habitude sans doute – d’autres m’arrachaient les yeux. En particulier nénufar.

S’est alors posée la grande question : devais-je utiliser l’orthographe traditionnelle, ou privilégier la nouvelle orthographe ?

Traditionnelle ou révisée : les éléments à prendre en compte

Autant le dire tout de suite, je n’ai pas l’intention de débattre du bien-fondé (ou non) de cette réforme. Il s’agit seulement ici de discuter des aspects pratiques de ce choix.

Premier aspect à prendre en compte : concrètement, très peu de personnes utilisent l’orthographe révisée. De ce fait, l’utilisation de cette dernière risque de donner à penser à bon nombre de lecteurs qu’on fait des fautes d’orthographe. Et même s’ils connaissent les règles révisées, des lecteurs habitués à l’orthographe traditionnelle – c’est-à-dire la grande majorité – risquent quand même d’être perturbés par l’emploi d’une graphie peu familière. Or, perturber le lecteur, c’est prendre le risque de le faire sortir de l’histoire…

D’un autre côté, la nouvelle orthographe est censée être la référence dans l’enseignement depuis 2008, et récemment plusieurs éditeurs de livres éducatifs ont fait le choix de l’utiliser dans leurs ouvrages. Il est donc raisonnable de penser que de plus en plus d’enfants vont apprendre la nouvelle orthographe plutôt que l’ancienne. Du coup, le problème mentionné précédemment s’inverse dans le cas d’ouvrages destinés à la jeunesse – comme L’enfant des lions ou encore Flammèche. Je plains en particulier les plus jeunes si on leur donne à lire un livre qui ne respecte pas tout à fait les règles qu’ils s’efforcent d’apprendre en classe.

Ceci dit, assez peu de mots sont impactés par les modifications (moins de trois mille), et sur ce nombre, seule une petite partie est vraiment couramment utilisée. Autrement dit, à moins d’avoir un personnage nommé Nénu[ph/f]ar (ce qui est, hélas, mon cas), la différence ne saute pas vraiment aux yeux. Pour preuve, cela fait bien deux semaines que j’essaie, pendant l’aide aux devoirs au travail, de déterminer si les enfants que je garde apprennent l’ancienne ou la nouvelle orthographe. Je n’ai encore rien repéré de distinctif. Idem avec certains romans de ma bibliothèque ; je suis prête à parier que c’est l’orthographe traditionnelle qui a été prise pour référence, mais je n’ai repéré aucun exemple flagrant en les feuilletant.

De plus, certaines des « nouvelles » graphies étaient en fait déjà entrées dans l’usage avant d’être entérinées par la réforme de 1990. C’est le cas par exemple de « événement », que beaucoup écrivaient déjà « évènement » avant cette date – au point même que dans un des articles que j’ai lu sur le sujet, l’auteur semblait penser que « événement » était la graphie révisée.

Pour finir, je retiens surtout ces deux idées : les deux orthographes sont considérées comme correctes, et on est donc libre d’utiliser celle qu’on préfère ; c’est l’usage qui décidera, à la longue, de la graphie à conserver pour chaque mot. (Je trouve l’explication de ce deuxième point, souvent oublié dans les débats me semble-t-il, très claire sur le site de l’Académie Française.) Ces deux point associés, il est donc théoriquement possible de faire cohabiter les deux orthographes – comme je le faisais en fait déjà sans le savoir – du moment qu’on garde un minimum de cohérence. Pas de problème pour mélanger les nénufars et les oignons, mais on évitera quand même d’alterner entre nénufar et nénuphar dans le même texte. (Oui, je sais, je m’acharne sur le nénufar.)

Traditionnelle ou révisée : mon choix

Dans la vie de tous les jours, c’est assez simple : j’ai décidé de ne pas me prendre la tête. J’écris comme ça vient, sans plus chercher à savoir si je colle à l’orthographe traditionnelle ou à la révisée. Il est donc probable que vous trouviez un peu des deux dans mon blog. (Avec, probablement, plus d’orthographe traditionnelle, parce que le correcteur de WordPress corrige parfois tout seul quand, par exemple, je ne mets pas le fameux accent circonflexe.)

En ce qui concerne mes romans, c’est moins évident. Comme vous l’avez sans donc compris en lisant cet article, je n’ai pas vraiment de préférence marquée pour l’une ou l’autre orthographe ; ce seront donc essentiellement mes lecteurs qui orienteront ma décision. Je penche vers l’utilisation de l’orthographe révisée pour mes romans jeunesse, mais ce sera à voir aussi avec l’éditeur le jour où ils seront acceptés. Au pire, corriger vers l’orthographe traditionnelle ne demandera pas trop de travail. Concernant Oniris, qui s’adresse à un public plus âgé – et que je compte autoéditer, donc pas d’éditeur pour orienter la décision – il est possible que je privilégie l’orthographe traditionnelle, par égards pour les lecteurs qui y sont attachés. Mais rien n’est encore arrêté définitivement ; allez savoir, d’ici que mes textes soient prêts pour la publication, on aura peut-être le droit à une nouvelle réforme…

Et vous, comment vous situez-vous entre ces deux orthographes ?


Cet article fait partie de l’événement interblogueurs #CoulissesDuBlog créé par Mia, du blog Trucs de Blogueuse. Il s’agit de publier un article sur les dessous du blog, avec un nouveau thème chaque semaine. N’hésitez pas à lire les autres participations sur le thème de la semaine, « Fautes d’orthographe », et même à participer vous-mêmes !


Image : pixabay

7 commentaires sur “Traditionnelle ou révisée : l’orthographe de l’écrivain

  1. Ça fait plaisir de voir quelqu’un parler de cette réforme sans s’exciter pour rien 🙂 perso, j’utilise l’orthographe qui me convient tout simplement. Je trouve nénufar tellement plus mignon que nénuphar. Le pH ça le rend dur, je sais pas pourquoi, alors que c’est mignon un nénufar :3
    Voilà voilà j’arrête de t’embêter avec ça lol. Je pense se que tu as raison en tout cas de t’adapter au lectorat, quand on écrit des romans on me fait pour les autres alors ils faut penser aux autres.

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    1. Merci 🙂 Moi aussi je trouve toute cette excitation autour de la réforme un peu exagérée.
      Tu vas rire, mais à force d’écrire « nénufar » pour dire que je n’aime pas cette graphie, je finis par m’y habituer, et « nénuphar » commence à me faire drôle ^^

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  2. Pour ma part, je reste attachée à l’ancienne orthographe (par contre, j’ai trouvé idiot de s’exciter autant alors que la réforme avait déjà quasi 20 ans… ). Je continue d’écrire comme tel, mais c’est surtout parce que c’est ainsi que j’ai appris et je me vois mal changer des années d’habitudes bien ancrées (j’ai toujours été assez douée en orthographe). Mais en effet, pour les jeunes générations, la donne est très différente. Je trouve ta réflexion très juste, en ce sens.

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  3. Il me semble que j’utilise les deux, pas forcément consciemment. Je me rends compte que j’écris « porte-monnaie » (je ne savais même pas qu’on pouvait écrire « portemonnaie » et d’ailleurs wordpress le souligne comme une faute!). Puis il y a aussi les mots « événements » ou « réglement »… WordPress souligne « évènement », la nouvelle orthographe et « réglement » qui est l’ancienne… de quoi devenir skyzo avec ces correcteurs automatiques ! C’est vrai que j’utilise majoritairement l’ancienne et pourtant j’ai appris à écrire en 96… Après, c’est juste parce que c’est automatique, et si j’ai déjà été interpellée par une faute, qui en fait était la nouvelle orthographe, je me dis juste « ah ok, je viens d’apprendre quelque chose », sans polémique.^^

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